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LeGaidol

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La grande machine

Fritz Leiber


La grande machine
Traduction : Alain Dorémieux
Titre original : You’re all alone
Première parution : 1978

 Pour la présente édition :

Editeur : Casterman
ISBN : 2-203-22711-7

La critique du livre
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" Juste avant qu’il n’aperçoive la fille effrayée, le monde aux yeux de Carr Mackay fut comme frappé de mort. Chacun a fait cette expérience. Brusquement, la vie semble déserter toute chose. Les visages familiers se réduisent à des dessins abstraits. Les objets usuels paraissent insolites. Les bruits prennent une résonance artificielle. Bien sûr, c’est une impression passagère, mais elle cause un malaise. "


Malaise.
Ainsi est définit d’entrée, l’impression ressentie par Carr Mackay lorsque cette fille inconnue pénètre dans le bureau de l’agence de placement qui l’emploie. Carr est un employé besogneux, apprécié de ses collègues et harcelé par une relation volcanique dont il a fait récemment la rencontre. Rien ne permet d’affirmer qu’il couve un dangereux déséquilibre psychologique. Pourtant loin de s’effacer, le malaise suscité par cette inconnue persiste amenant Carr à considérer le monde qui l’entoure d’un tout autre regard. D’abord incrédule, puis soupçonneux, Carr doit finalement se faire une raison. Le monde tel qu’il l’a toujours connu n’est qu’une immense machine et ceci depuis la nuit des temps. Et dans ce monde, seul quelques privilégiés – les éveillés - jouissent du droit d’être véritablement vivant.

" Quand des gens s’éveillent, ils ne savent pas s’ils doivent être bons ou mauvais. Ils balancent entre les deux. Et puis ils finissent par tomber d’un côté ou de l’autre, le plus souvent du mauvais côté… "

Le monde recèle mille dangers pour un éveillé. Il lui faut vivre, soit en gardant sa place dans la machine, soit en se protégeant de la bonne marche de celle-ci afin d’éviter qu’elle ne le broie dans ses engrenages consciencieusement lubrifiés. Mais là n’est pas le principal danger car le monde recèle d’autres éveillés dont les intentions ne sont pas forcément altruistes. Carr l’apprendra très rapidement.
_______________________________________________________

Court roman comme on en faisait dans les années 1950, " La grande machine " brille par la simplicité de son intrigue, ce qui ne l’empêche pas d’être efficace. Pour les connaisseurs, on rencontre un procédé similaire dans un autre texte de l’auteur : " Conjure Wife ".
Ici en peu de mots, Fritz

Leiber

tisse une atmosphère d’étrangeté en se fondant sur un point de départ clair : le monde est une machine et les hommes sont les rouages de celle-ci jouant des rôles dont ils ne maîtrisent pas la distribution et énonçant un texte dont ils ne sont pas les auteurs. Dans un tel monde, les possibilités sont très ouvertes pour des êtres éveillés disposant ainsi d’un pouvoir immense sur les non-vivants. Progressivement le contexte de normalité bascule dans le fantastique, l’inexplicable et peu importe que l’on ne connaisse pas les motivations des créateurs de ce monde. Ce qui compte, c’est la cohérence de l’univers mis au service de l’histoire. Et finalement, avec ce contexte proto-matrixien (désolé pour cet affreux néologisme),

Leiber

tire un récit plaisant qui suscite une angoisse sourde et met en scène des situations à l'occasion inquiétantes. Enfin, il laisse s’exprimer à la fois cet humour si particulier que je trouve personnellement réjouissant, et ne se nourrit pas d’illusion quant à la nature humaine.

Aparté : dans l’édition que j’ai lu, " La grande machine " est suivi par un texte plus court intitulé " Quatre fantômes dans Hamlet ". Même si l’on perçoit l’aspect vécu dans cette histoire au léger goût de fantastique, celle-ci n’a finalement pas emporté mon adhésion.




Prends garde au monde qui t'entoure. Tu crois connaître ce monde. Tu crois tout savoir des gens dont il est peuplé. Tu es persuadé de la réalité de leur existence. Tu les juges capables de penser, de souffrir, d'éprouver des sensations et des émotions. Tu t'imagines qu'ils sont vivants ! Erreur : tout est mort. Le monde entire est une machine, et ses habitants en sont les rouages. Et toi aussi tu fais partie de la machine. Toi aussi tu es pris dans son engrenage. Amoins que tu ne décides d'en sortir... Mais gare alors aux dangers qui t'attendent !


Fritz Leiber est né en 1910 à Chicago, ville où il a longtemps vécut et qui sert de cadre au présent roman. Son père et sa mère étaient acteurs de théâtre dans une troupe itinérante, spécialisée dans le répertoire shakespearien, et dont il accompagna très jeune les tournées (ce milieu est décrit dans le récit, "Quatre fantômes dans "Hamlet"", qui clôt le présent volume). Après avoir débuté en 1939 dans la littérature fantastique, il écrit de la science-fiction depuis plus de trente ans et a donné à ce genre quelques-unes de ses plus belles réussites, aussi bien dans le domaine du roman que dans celui de la nouvelle. Auteur à la stature considérable, il est aussi (à l'égal d'un Theodore Sturgeon) l'un de ceux de l'Age d'Or dont l'oeuvre est restée la plus résolument moderne — comme en témoignera ultérieurement une anthologie de ses nouvelles axée sur toutes les époques de sa carrière. Dans "La Grande machine", roman de 1950, un climat d'une bizarrerie surréaliste baigne une action à la merveilleuse extravagance.


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