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Olivier

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La chose

John W. Campbell


La chose
Titre original : Who goes there ? (Qui va là ?)
Première parution : août 1938

 Pour la présente édition :

Editeur : Le Bélial'
Collection : Une heure lumière
Date de parution : 05 novembre 2020
ISBN : 978-2-84344-970-3

La critique du livre
Lire l'avis des internautes (6 réponses)

Je ne doute point que si l’on faisait un sondage des deux côtés de l’Atlantique, sur les meilleurs auteurs de sf américains, nous aurions des résultats forts différents.
Certaines stars étaient parfois, jusqu’à une époque récent peu traduites, comme Poul Anderson. Je vois difficilement un auteur français affirmer comme Dick que Heinlein est ce que l’humanité a de meilleur…
Dick qui, lui, a été immédiatement reconnu en France comme un auteur majeur.
Cela ne signifie pas, loin de là, que les Américains aient tort, nous raison, ou l’inverse.

Les raisons idéologiques ou intellectuelles, qui peuvent parfois virer au malentendu ou au quiproquo absurde : Heinlein ou Anderson ne sont pas des fascistes. Une partie de la sf francophone, nonobstant le talent et la perspicacité des critiques, s’est parfois fourvoyée dans une vision du tout est politique dont nous sommes heureusement revenus.
Sans oublier que auteurs étiquettes de l’autre bord comme Dick, ont eu des positions peu glorieuses dont on leur a peu tenu rigueur.

La politique n’est cependant pas le seul malentendu.
Je pense aussi que la forme, a joué un rôle non négligeable.
Au XIXe siècle, de nombreux auteurs se sont illustrés dans la nouvelle (ou le conte, les deux étant alors synonymes). Balzac en est un parfait exemple, qui a su aller de la nouvelle classique à la novella. Flaubert, le trop oublié Villiers-de-l’Isle-Adam, Barbey d’Aurevilly, et surtout Maupassant, furent de brillants représentants de la nouvelle, et certains se montrèrent d’ailleurs loin d’être hermétiques au fantastique, voire à la sf.
La libéralisation progressive de la presse, de la Restauration à la IIIe république, offrit, il est vrai, de belles tribunes à la nouvelle. Des tribunes qui semblent s’être taries avec le temps.
Un très bon exemple est celui du Goncourt : on se réjouit à juste titre de le voir récompenser un roman qui lorgne vers la sf. Mais qui sait qu’il existe un Goncourt pour la nouvelle ? Et ne parlons même pas de la poésie ou de la biographie…
En sf comme ailleurs, la nouvelle a mauvaise presse.
À part Lovecraft et ses longues nouvelles, la plupart des grands auteurs sont bien plus connus pour leurs romans que pour leurs nouvelles. Y compris quand elles constituent la majeur partie de leur œuvre, comme avec Sturgeon. Avant le remarquable travail de Jacques Chambon avec la collection Imagine, il fallait ramer pour lire des nouvelles de Matheson, tandis que ses romans étaient régulièrement réédités.
Harlan Ellison fait presque figure d’inconnu chez nous, tout comme Lisa Tuttle, auteurs pourtant reconnus et primés, qui ont offert à l’imaginaire des textes sublimes.


Campbell

est surtout connu et reconnu comme directeur de revues, et pour son influence décisive sur l’histoire de la sf.
A l’instar d’Alain Dorémieux, il était aussi un auteur rare, capable de marquer le genre par des textes percutants.

Initialement traduit et paru dans les années 50, sa novella est souvent connue à travers les multiples adaptations cinématographiques, à commencer par la plus magistrale, celle de Carpenter, qui signait là l’un de ses meilleurs films.
Elle était jusqu’à présent disponible dans une traduction qui allait tranquillement vers sa soixantaine. De poche (Présence du futur) en grand format (Ailleurs et demain), aucun éditeur n’a jamais eu l’idée de réviser, voire de retraduire totalement le texte.
Saluons Le bélial qui a eu l’excellente idée de zapper le travail initial d’Alain Glatigny, qui était sans doute de cette époque où les coupes franches et les réécritures étaient la règle de la traduction. La grande époque des traduc-tueurs, bien connus aussi des amateurs de polars…
Initialement traduit sous le titre La bête d’un autre monde, il est republié sous le titre que lui donna l’adaptation de Carpenter, en lieu et place du titre originel : Qui va là ?.

Matheson nous a montré qu’une idée simple, traitée avec maestria, pouvait donner un chef-d’œuvre. Quoi, en effet, de plus simple que l’intrigue de L’homme qui rétrécit, dont le titre condense toute l’histoire ?

L’histoire est connue : une équipe de scientifiques, au Pôle Sud, découvre un vaisseau extraterrestre sous la glace, et un alien congelé.
Est-il mort comme un mammouth ou peut-il être ramené à la vie ? Faut-il prendre le risque de le décongeler ?
Une fois décongelé, l’alien pourra à loisir prendre l’apparence de tout être vivant, semant le doute au sein de l’équipe de chercheurs, avec cette question terrible : qui est qui ?
L’histoire est simple, la narration chronologique suit les évènements.

Campbell

opte pour une approche extrêmement rationnelle : seule la science, et non l’intuition pourra démasquer l’alien.
C’est même l’aspect le plus surprenant du texte, souvent oublié dans les adaptations cinématographiques : l’importance de la science. On y sent que

Campbell

s’est documenté sur son environnement, les missions de recherche faites au Pôle sud, et jusqu’au nom des alliages constituant les outils, rien ne manque !
Mais que l’on ne s’y méprenne pas : il ne s’agit d’hard-science absconse, mais simplement de réalisme scientifique très strict.
Le réalisme ne se limite d’ailleurs pas à la science, y compris la météo polaire. On trouve une description saisissante de la base, et notamment de son confinement et de ses odeurs, de son ambiance. En à peine un petit paragraphe, il vous plonge pour toute la durée de votre lecture dans ce petit oasis climatisé qu’est la base scientifique.
Quant à la dimension horrifique, très prégnante chez Carpenter, elle est finalement assez moindre chez

Campbell

, qui privilégie la traque rationnelle au gore, tout en y distillant inquiétude et suspense.

Comme nous venons de le voir, l’auteur annonce clairement l’éditeur et ses canons.
Ceux d’une littérature adulte et plausible, à l’époque où triomphe l’évasion juvénile du space-opera à la E. E. doc Smith, où Hamilton et Willaimson se lancent à leur tour en littérature.
Sans trop vouloir déflorer la fin, notons que l’on y trouve tous les canons

campbell

iens, y compris en matière d’affrontement avec les extra-terrestres.
A cet égard, nous sommes assez loin de l’angoisse métaphysique d’un Lovecraft, qui venait de passer l’arme à gauche, conscient de l’insignifiance de l’humanité. L’amateur d’horreur et de terreur ferait mieux de se tourner vers le maître de Providence, en particulier les traductions de François Bon, disponible en poche au Seuil.

Campbell

rappellerait donc un peu John Wayne.
Personnage incontournable d’une certaine Amérique et d’une certaine époque figées, qui implosa sous les coups de la contre-culture et de la libération sexuelle (

Campbell

trouva répugnante la fameuse nouvelle de Farmer…).
Cette Amérique contre laquelle se dresseraient les soixante-huitards de la sf française, qui furent souvent bien plus inspirés dans la fiction que dans la critique, ou du moins ce type de critique quasi-jdanovienne. « Un livre n’est pas moral ou immoral. Il est bien ou mal écrit. » disait Oscar Wilde. La morale et les opinions, qu’elles soient puritaine et droitière comme celle de

Campbell

ou d’un néo-jdanovisme traquant partout un fascisme imaginaire n’ont rien à faire en littérature, ni dans la fiction, ni dans la critique.
Une œuvre ne peut et ne doit être jugée que sur ses qualités artistiques intrinsèques, qu’elle soit ou non engagée.

A cet égard, le texte de

Campbell

est clairement un classique.
L’œuvre d’une époque, mais aussi le prodrome de la sf

campbell

ienne, avec ses qualités et ses défauts, qu’il conviendra à chaque lecteur d’apprécier, dans tous les sens du terme.
Il est donc salutaire d’offrir une véritable traduction de ce classique, et l’apprécier comme telle : une œuvre qui marqua son époque, et influença durablement la sf.
Il convient également de saluer le travail exemplaire du Bélial, en terme de nouvelles et/ou de classiques (Simak, Williamson, Anderson, Brackett, Hamilton…).

Enfin disponible dans toutes les bonnes librairies, avec sa magnifique couverture, une traduction qui soit enfin à la hauteur du texte, ce volume est de ceux qui emportent l’adhésion. Un joli cadeau à glisser sous le sapin avec le volume du regretté Dozois. Surtout que le titre peut aussi servir de surnom adéquat à la belle-mère de Soleil vert, qui est à ses dires une créature autrement plus terrifiante que celle de

Campbell

.




En Antarctique, quelque part.
Enfoui sous la glace, aux abord d'un artefact aux allures de vaisseau spatial, des scientifiques découvrent un corps congelé — gisant là, sans doute, depuis des millions d'années. Un corps résolument inhumain. Résolument… autre. Le choix est alors fait de ramener la stupéfiante découverte à la station pour étude. Douvement, la gangue de glace autour de la créature commence à fondre, libérant peu à peu cette totale étrangeté à l'aspect terrifiant. Et les questions de traverser l'équipe de chercheurs : qu'est-ce que cette chose ? Comment est-elle arrivée là ? Et après tout, est-elle seulement morte ? N'ont-ils pas mis au jour la plus épouvantable des abominations — une horreur proprement cosmique ?
Récit haletant paru en 1938, proposé ici dans une nouvelle traduction, La Chose est un immense classique de la science-fiction mondiale. Porté à l'écran à trois reprises, ce court roman pose les bases du récit de SF horrifique.

« L'une des meilleures novellas de science-fiction jamais écrites. »
Science Fiction Writer of America

[texte du rabat de couverture]

John W. Campbell (190-1971) a connu deux carrières. En tant qu'auteur, d'abord, au cours des années 30. Une décennie qui suffit à imposer un style, et à faire du pseudonyme de Don A. Stuart l'une des références de l'époque. En 1937, il prend la direction d'Astounding Stories. Devenu éditeur, il révolutionnera la science-fiction, l'installant définitivement dans la modernité tout en révélant des auteurs tels que Robert A. Heinlein, A. E. van Vogt, Theodore Sturgeon et Isaac Asimov.
La Chose, récit séminal s'il en est, figure au panthéon de la science-fiction mondiale. Porté à l'écran par trois fois, la vision qu'en a donné John Carpenter en 1982, dans son chef d'œuvre The Thing, lui a assuré une renommée mondiale.


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